dimanche 14 juillet 2019

Projet d'installation à Saint Affrique : détails techniques

Après avoir expliqué les origines du projet, voilà l'état actuel des réflexions sur les aspects techniques.

Vu les défauts inhérents à l'orgue de tribune actuel, et puisque sa reconstruction totale est largement en dehors des budgets envisageables, il a été décidé de réemployer un orgue britannique d'occasion de très bonne qualité et en bon état comme base du projet.

La composition au moment du démontage était :

GreatChoirSwellPedal
Double Open Diapason 16Lieblich Flote 8Gamba 16 (prévue)Open Diapason 16*
Large Open Diapason 8Viole d'orchestre 8Open Diapason 8Octave 8*
Small Open DiapasonDulciana 8Rohr Flote 8Bordon 16**
Claribel Flute 8Flauto Traverso 4Viole d'Amour 8Bass Flute 8**
Principal 4Clarinette 8 (Ut 2)Voix Célestes 8 (Ut 2)Trombone 16°
Wald Flute 4Tromba 8° (du Great)Gemshorn 4
Fifteenth 2Mixture III
Tromba 8°Cornopean 8
Hautboy 16-8

 Afin de pouvoir l'installer à l'emplacement de l'orgue actuel, il sera nécessaire de modifier un peu la tribune, ainsi que la structure de l'orgue.

Des éléments de l'ancien orgue de St Affrique seront intégrés à l'orgue Norman & Beard pour être préservés. 

La console d'origine de l'orgue sera installée sur la tribune inférieure, afin que les organistes puissent jouer l'instrument exactement comme à son origine.

Une seconde console, construite à neuf et mobile, sera installée près du choeur de l'église pour faciliter l'accompagnement des offices religieux et permettre au public de voir les concertistes.

De plus, si le budget le permet, un certain nombre d'additions seront apportées à l'instrument pour étendre ses possibilités musicales.

Dans l'état actuel du projet, l'orgue sera installé sur la tribune haute de l'église, la façade au ras de la tribune en bois actuelle. Les photomontages ci-dessous donnent une petite idée du rendu final. Les tuyaux de façade verront leur couleur éclaircie et leurs bouches dorées à la feuille si les fonds le permettent.
Photomontage de la façade de St Stephen sur la tribune haute de St Affrique,
vue du choeur

Photomontage de la façade de St Stephen, vue de la nef

La composition de la console de nef serait alors :

GreatChoirSwellSolo (flottant)Pedal
Double Open Diapason 16Lieblich Flote 8Gamba 16 Flûte Harmonique 8Harmonic Bass* 32
Large Open Diapason 8Viole d'orchestre 8Open Diapason 8Flûte Harmonique 4Open Diapason** 16
Small Open DiapasonDulciana 8Rohr Flote 16-8Cor Anglais 8Octave** 8
Claribel Flute 8Flauto Traverso 4Viole d'Amour 8Gamba 8Bourdun* 16
Harmonic Flute 8Clarinette 8 Voix Célestes 8 (Ut 2)Tuba 8Quint* 10 2/3
Principal 4Gemshorn 8-4Célesta 4 (Ut2)Bass Flute* 8
Wald Flute 4Mixture IIIFlute* 4
Fifteenth 2Hautboy 16-8Violoncello 8
Mixture IVCornopean 8Trombone° 16
Tromba° 8
Tromba° 8
Clarion° 4
Clarion° 4
Le Cor Anglais, les Flûtes du Solo et le Violoncello de pédale seraient des jeux de l'ancien orgue réemployés. Les flûtes 8 et 4 du Solo sont obtenues par dédoublement.

Accouplements :

Swell SuboctaveChoir suboctave Solo to Swell
Swell unisson off Choir unisson off Solo to Choir
Swell octave Choir octave Solo to Great
Swell to Choir Choir to Great suboctave Solo to Pedal
Swell to Great suboctave Choir to Great
Swell to Great Choir to Great octave
Swell to Great octave
Swell to Pedal suboctave Choir to Pedal Great to Pedal
Swell to Pedal Choir to Pedal octave Great to Pedal octave
Swell to pedal octave Choir/Great inverter

La Gamba 16 du Swell, lorsqu'utilisée avec les accouplements à l'octave grave ("suboctave" en anglais), aura la première octave en 32' acoustique.

Le projet d'installation à Saint Affrique : les origines


Comme décrit dans l'historique des orgues de l'église de Saint Affrique, l'actuel grand orgue (dit aussi orgue de tribune) de l'église de Saint Affrique est muet depuis le milieu des années 70. Cet orgue, reconstruit en 1899 par Jacquot-Jeanpierre, recycle la majeure partie de l'instrument de Maucourt avec d'importantes modifications.
Cependant, comme la correspondance du facteur d'orgues et du curé le montre, les conditions financières et matérielles n'étaient pas optimales, loin s'en faut. Aussi une bonne partie de la tuyauterie, très abimée lors du démontage de l'orgue dans l'ancienne église par des non-professionnels, n'a pas été restaurée aussi bien qu'elle aurait dû. La traction pneumatique, qui peut s'avérer un système très efficace et techniquement élégant, n'est ici pas la meilleure, et a mal vécu l'installation du chauffage à air pulsé dans l'église. Celui-ci a eu raison des centaines de fines membranes en peau de chevreau scié qui en assurent le fonctionnement.
Membranes de traction pneumatique. Ces petits "coussins" sont faits de peau de chevreau "sciée"
c'est à dire affinée mécaniquement pour allier grande souplesse, étanchéité et résistance mécanique.
Enfin, l'orgue souffre de plusieurs défauts de conception majeurs.
La soufflerie est instable et entre en oscillation dans certaines conditions, forçant l'installation de ressorts pour amortir les vibrations des réservoirs.
La boîte expressive du Récit n'a qu'une très petite surface de jalousies ouvrant sur la nef, l'essentiel du son reste donc piégé et la différence de volume sonore entre boîte ouverte et boîte fermée est limitée.
De même la surface au travers de laquelle le son du Grand Orgue diffuse vers la nef est elle aussi limitée à la façade visible du buffet de droite, limitant aussi la puissance dans l'église.
Enfin, les tuyaux de pédale son relégués au fond de la niche sous le clocher, partiellement visibles d'en bas, ce qui n'est vraiment pas esthétique. Mais surtout, le son reste piégé dans la niche, à la voûte bien plus haute que l'arche qui l'ouvre sur la nef. De ce fait, les jeux de pédale sont très peu audibles depuis la nef, quand ils devraient plutôt asseoir l'orgue sur des majestueuses basses bien présentes.

A tout cela, il faut ajouter l'étendue des claviers. 54 notes aux claviers manuel, 25 notes au pédalier. Ces étendues sont caractéristiques de la première partie de l'époque romantique, mais ont très vite évolué en 56, 58 et enfin 61 notes, et 30 ou 32 au pédalier. Et les compositeurs ont rapidement tiré avantage de ces étendues.
De ce fait, 54/25 sont des étendues limitant fortement le répertoire des œuvres des XIX° et XX° siècles qui peuvent être jouées sur un tel orgue.

Cet état de fait, ainsi que le coût élevé des travaux de facture d'orgues, ont conduit à chercher d'autres solution. L'une d'elle étant de trouver des pièces d'occasion pour contenir le coût des travaux dans un budget envisageable. Mais même ainsi, le problème restait ardu à résoudre pour de nombreuses raisons techniques et musicales.

Le hasard a voulu que le président de l'association ait connaissance de l'existence de l'orgue Norman & Beard de l'église St Stephen de Gloucester. Désaffectée depuis 2010, cette église est vouée à la destruction dans les années à venir. De plus, les services du diocèse de Gloucester avaient négligé leurs devoirs, en ne signalant pas cet orgue à l'Institute of British Organbuilding, qui recense et publie les Orgues en danger ou cherchant un nouveau toit.
Rendez-vous pris par un glacial dimanche de mars 2018 avec la vicaire de la paroisse dont dépendait St Stephen, le président a pu constater que l'orgue pourrait s'adapter aisément à l'emplacement assez particulier dans l'église de St Affrique.

 Après une contre-visite en compagnie d'un facteur d'orgues, et acceptation de l'offre de l'association pour l'achat de l'orgue par les services du diocèse, l'organisation du déménagement a pu commencer.

Mettre sur pied une opération de ce type nécessite en général une quantité de temps et d'énergie considérable. Mais quand le service du diocèse gérant l'église désaffectée décide deux semaines avant la date prévue que ce qui était envisagé somme une opération "à la française" devra remplir tous les critères de la drastique Health & Safety (hygiène et sécurité) britannique, cela devient un parcours du combattant généreux en obstacles de toutes sortes. Le président de l'association a à cette occasion appris bien des choses sur les assurances, les certifications, les dangers de l'amiante, la mauvaise foi, la location de toilettes de chantiers, les traductions certifiées, liste non exhaustive.

Mais au final, le 13 juin dernier, l'orgue est arrivé à Saint Affrique.

La suite de l'histoire reste à écrire (et  avec votre aide et votre appui on espère!), mais pour les aspects techniques du projet, c'est par ici !

samedi 13 juillet 2019

Première assemblée générale !


L'association ROSA tiendra sa première assemblée générale le vendredi 2 août 2019 à 18 h 30 au 1837 (1, Impasse Carnot 12400 Saint Affrique). Si vous souhaitez devenir membre de cette association, vous pouvez assister à cette assemblée générale ouverte à toutes et à tous.

lundi 8 juillet 2019

L'orgue du temple de Saint-Affrique

Le temple protestant de Saint-Affrique abrite un petit orgue de style romantique, installé sur la tribune du fond, sous une rosace (photo 1). Il a été construit par le célèbre facteur d'orgues Joseph Merklin, après 1894 si l'on se base sur le graphisme de la plaque d'adresse (photo 2), et avant qu'il ne se retire à Nancy en 1898.

Orgue du temple de Saint-Affrique sur sa tribune
Il s'agit d'un orgue d'accompagnement, probablement proche d'un modèle de catalogue servant la plupart du temps d'orgue de chœur. De fait, la console est séparée du buffet et retournée vers la nef pour faciliter le suivi des célébrations et les interactions avec les chanteurs.
Plaque d'adresse typique de Merklin après 1894

Bourdon 8* (B&D)Prestant 4*Clavier Manuel 54 notes
Flûte 8 (B&D)Trompette 8 (B&D)*Pédalier 18 notes
Flûte harmonique 8*Hautbois-Basson 8 (B&D)*Appel d'anches
Viola di Gamba* 8Voix céleste 8* *Expressif

Joseph Merklin fut l'un des plus grands facteurs d'orgues de France au XIX° siècle, grand rival du célèbre Aristide Cavaillé-Coll. Merklin est né en Allemagne, dans une famille de facteurs d'orgues, et apprend son métier auprès des grands noms de ce pays avant de l'installer en Belgique en association avec Friedrich Schütze. Par la suite il rachète les établissements Ducroquet et s'implante à Paris.

Ses orgues sont toujours d'une facture soignée, et on peut s'en rendre compte en observant l'intérieur de l'orgue du temple de St Affrique.

La soufflerie se compose d'un unique réservoir à double pli logé dans le soubassement de l'orgue. Il est alimenté par un moteur électrique installé dans les années 60 ou 70 par un infâme bricoleur dont l'histoire n'a pas retenu le nom.
Hélas, les outrages du temps et des hommes, le manque d'entretien et la pluie passant au travers de la rosace au vitrail brisé l'ont rendu muet depuis de nombreuses années.
Il a plu sur le sommier qui de ce fait devra être restauré. La tuyauterie s'est en partie effondrée, les peaux qui forment l'étanchéité du réservoir arrivent en fin de vie.
Mais les quelques sons qui pouvaient encore en sortir voilà une quinzaine d'années laissaient entrevoir un très bel instrument.
Les photos ci-dessous montrent des détails internes et la qualité du travail, mais aussi l'état regrettable de ce pauvre petit orgue.
Soufflerie de l'orgue

Mécanique sous les claviers
Soupapes dans le sommier
Tuyauterie dans la boîte expressive (arrière de l'orgue)
Tuyauterie hors boîte (avant de l'orgue)

Détail du Hautbois, très belle qualité de facture.
Noter les traces d'eau à la surface du sommier et du faux-sommier.

Belle tuyauterie, mais hélas passablement effondrée par manque d'entretien
Vous pouvez entendre ici Un orgue Merklin de la même période. (Composition ici)