vendredi 9 octobre 2020

Tournemire



Un bel exemple de musique française interprétée sur un instrument typiquement britannique.

Voici la captation d'un très beau concert d'Adrian Gunning, organiste à St John the Evangelist, Islington (Londres), sur un orgue Compton des années 1930 :

https://youtu.be/Ka-qjdJOm5M

L'instrument possède encore sa console typiquement Art Déco, avec des poussoirs lumineux pour appeler les jeux (redoutables lorsqu'un jeu est resté utilisé trop longtemps, à cause du chauffage de la lampe à l'intérieur).
Détails de l'orgue : https://www.npor.org.uk/NPORView.html?RI=N17436


Charles Tournemire avait un très fort caractère et une foi ardente, pour le moins. Il a composé vers la fin de sa vie un cycle intitulé L'Orgue Mystique, composé de 52 offices (introït, Offertoire, Communion, Sortie), basés sur le plain-chant grégorien de chaque dimanche de l'année, plus les offices de Pâques.

C'est une musique tour à tour intemporelle et planante ou foudroyante et verticale, parfois les deux au sein d'une même pièce, tour à tour. On aime ou on aime pas, mais elle laisse rarement indifférent.

Charles Tournemire a été le précurseur et le professeur de beaucoup d'organistes français célèbres du XX° siècle, tels Olivier Messiaen, Maurice Duruflé, Jean Langlais, etc.

Tournemire a laissé des écrits acerbes sur la plupart de ses contemporains, à la limite de la paranoïa.
Lors d'une réception post-concert hommage à Tournemire, à la fin des années 90 à Londres, quelqu'un à demandé à Félix Aprahamian alors nonagénaire, et qui avait connu le tout-Paris organistique quand il avait vingt ans "Vous qui l'avez connu, comment était-il ?"

"Oh, he was nutty as a fruit cake!" [Il était complètement timbré !]

Mais sa musique reste magnifique.