vendredi 31 mai 2019

Démontage de l'orgue de St Stephen 2

Le démontage a continué avec les boîtes expressives, qui contiennent la tuyauterie des deuxième et troisième claviers. Elles permettent à l'organiste de varier l'intensité du son de ces claviers, en les ouvrant plus ou moins.
Boîte expressive du troisième clavier en cours de démontage.
Le plafond et l'arrière ont déjà été descendus, restent la façade et les côtés.

Chargement de pièces diverses prêtes à être descendues
 Les parties les plus lourdes et les plus délicates à descendre ont été les sommiers. Ce sont les énormes assemblages de bois qui distribuent l'air aux tuyaux. Ceux du premier et troisième claviers pèsent environ 200 kg chacun. Mieux vaut ne pas les faire tomber !

Sommier du troisième clavier en cours de descente

Une fois les sommiers descendus, on est déjà plus relaxés !

Les grands réservoir d'air (soufflets) des premier et troisième claviers

Soufflets en partance

Prêts à être descendus

On y voit tout de suite plus clair

Démontage du plancher et de la structure porteuse

Démontage de la structure 1

Démontage de la structure 2
Place nette (ou presque)
 Après 267 heures de travail à cinq en six jours, 7 tonnes de matériel descendues, quelques moments angoissants et des rires de soulagement, l'orgue est intégralement en pièces, attendant d'être transporté vers St Affrique.


C'est fini !

Démontage de l'orgue de St Stephen 1

Du 23 au 29 mai dernier, l'orgue de St Stephen a été entièrement démonté.
L'équipe était composée de Gérard Bancells et Nicolas Lanaspeze, facteurs d'orgues et de Christian Viguier, Raymond Lafon et Mathieu Delmas, membres de l'association ROSA.
Après avoir réglé un grand nombre de problèmes liés aux contraintes d'hygiène et sécurité britanniques, bien plus exigeantes que sur le continent, le travail a commencé le 23 en début d'après-midi.
En premier lieu, il a fallu démonter les tuyaux de la façade. Parfois de façon non-conventionnelle...




Les plus grands de ces tuyaux ont 3,5 m de long.
Une fois les deux façades vidées, le reste des tuyaux a été extrait et précautionneusement emballé par Christian et Raymond.

Raymond et Christian emballant de petits tuyaux devant
l'imposant Double Open Diapason 16 du premier clavier
(5m pour le plus long tuyau !)
Les boiseries des façades ont alors été démontées pour permettre de sortir les plus gros tuyaux, et commencer à démonter les autres éléments de l'orgue (systèmes de transmission des notes, boîtes expressives, sommiers, soufflerie, structure).
Démontage de la tuyauterie du premier clavier
Démontage de la façade

Démontage de la tuyauterie des deuxième et troisième claviers

Tuyauterie du troisième clavier majoritairement démontée


Tuyaux des trois claviers démontés ainsi que toute la façade principale

L'arrière de l'orgue est occupé par les plus grands tuyaux, notamment les tuyaux du pédalier, l'immense Open Diapason 16 en bois. Le premier Do pèse à lui seul 84 kg. Il n'a pas été évident à manipuler à deux dans un espace aussi confiné.
Les neuf derniers tuyaux de l'open Diapason 16
toujours à leur emplacement, juste avant leur descente.

Tous les tuyaux ont été descendus, et révèlent
une fenêtre obturée depuis leur installation en 1913 !
La suite du démontage ici : Démontage (suite)

mercredi 29 mai 2019

Aperçu historique de Norman & Beard Limited.



Ernest W. Norman (1851-1927) et Herbert J. Norman (1861-1936) étaient les deux fils d’un menuisier employé par le facteur d’orgues londonien Walker. Le premier fit son apprentissage chez ce même Walker, mais après une brouille, son père et lui allèrent s’installer dans le Norfolk un peu avant 1870.
 
Herbert J. Norman

Le second fit son apprentissage auprès du célèbre T.C. Lewis, de Londres. Puis revint travailler auprès de son père et son frère. Leur père mourut en 1877, et ils s’installèrent cette même année à Norwich. Ils déménagent dans un atelier plus spacieux dans cette même ville en 1883.
En 1885, ils s’associent avec G.A. Wales Beard, qui assurera l’aspect commercial de l’entreprise, prenant alors le nom « Norman Bros. & Beard », qui finalement deviendra « Norman & Beard Ltd. » en 1896.
En 1898, ils déménagent encore, dans une vaste usine, alors la plus grande manufacture d’orgues d’Europe selon leurs réclames d’époque. Le travail y est méthodiquement rationalisé, permettant d’assurer une très haute qualité à des prix compétitifs.
Lorsque cette usine sera fermée en 1915, dix-sept ans plus tard, plus de mille orgues y auront été produits ! Une seconde usine sera ouverte à Londres en 1902.
Usine neuve de Norwich
En 1908, la société assure employer trois cents personnes et produire soixante-dix orgues par an (soit plus d’un orgue par semaine, toutes tailles confondues).
Elle possède alors sa propre dérivation de chemin de fer pour les livraisons et expéditions, une ligne de téléphone, et produit la plupart de ses fournitures elle-même, y compris la peinture.
La croissance de l’entreprise continue, mais hélas la première guerre mondiale éclate, mobilisant l’essentiel de la force de travail des usines du pays sur le front français, alors que les carnets de commandes se vident. Cette guerre entamera le rapide déclin de l’empire britannique.
En conséquence, 1916 verra Norman & Beard Ltd. fusionner avec Hill & Son de Londres, créant « Hill & Son & Norman & Beard Ltd. », plus généralement connus sous le nom de Hil, Norman & Beard. Cette compagnie restera active jusqu’en 1998, avec une succursale en Australie de 1927 à 1974. Une autre branche de Hill, Norman & Beard, nommée Christie, était spécialisée dans les orgues de cinéma entre 1926 et 1938. Elle est notamment à l’origine de l’ancien orgue du Gaumont Palace Paris, actuellement installé au Pavillon Baltard à Nogent sur Marne.

Console de l'orgue de cinéma Christie installé au Pavillon Baltard
à Nogent sur Marne

Au cours du début du XX° siècle, Norman & Beard ont construit des orgues parmi les plus importants de l’empire, notamment dans des cathédrales (Norwich), collèges (Cambridge Jesus College, Winchester College Chapel), et des mairies (Moot Hall à Colchester, Auckland, Wellington, Johannesburg) et même les salons privés.


Norman & Beard Ltd. a été une entreprise typique de l'essort de la facture d'orgue au Royaume Uni durant les périodes victorienne et edwardienne, alliant l'industrie et l'art pour produire des instruments de qualité à des cadences rarement atteintes en Europe (mais qui n'avaient rien d'exceptionnel aux Etats Unis).

Auckland Town Hal (Nouvelles Zélande)
Salon de Mr Christie, Glyndebourne (Royaume Uni)