mercredi 25 novembre 2020

La restauration des soufflets

 Les soufflets sont les poumons de l'orgue, qui stockent l'air sous pression, que les facteurs d'orgues nomment "vent" traditionnellement. La pression n'est pas très élevée, par rapport à la plupart des procédés industriels que nous croisons chaque jour dans la vie moderne. Néanmoins, il faut assurer aux tuyaux une alimentation suffisante en quantité et stable en pression.

Ces soufflets sont construits en bois pour les parties rigides, et en peau d'agneau pour les parties souples, afin d'assurer l'étanchéité. Les colles employées sont d'origine animales, à la fois très efficaces et faciles à nettoyer lors des restauration. L'utilisation de colles de type néoprène ou vinylique (colle blanche) est totalement proscrite. Non seulement est-ce une grossière impolitesse vis à vis des restaurateurs à venir et des facteurs du passé, mais la colle blanche est aussi une source d'acide acétique sous forme gazeuse qui en s'accumulant va aller attaquer les tuyaux.

L'orgue Norman & Beard comporte cinq de ces soufflets. Leurs peaux, datant de 1913, étaient très proches de la rupture - voire passablement déchirées.

Soufflet du Great réparé à coup de scotch et de punaises
(méthode à efficacité très limitée)

Nicolas Lanaspèze, facteur d'orgues à Rabastens, a été chargé de les restaurer dans les règles de l'art, en utilisant de la peau d'agneau et des colles animales. Voici quelques photos avant/après. les soufflets sont en attente d'être repeints.

Soufflet du Choir avant restauration

Soufflet du Choir restauré, les fissures du bois ont été flipotées
et masquées de bandes de peau intérieurement
Intérieur du soufflet du Choir restauré

  
Régulateur de pression à l'intérieur d'un soufflet.
Le ruban à droite est attaché à la table supérieure du soufflet.
Lorsque celui-ci est gonflé, les vannes se ferment.
La progressivité de la fermeture assure une régulation
sans secousse du taux de remplissage du soufflet.


La peau utilisée doit être "parée", c'est à dire que l'épaisseur doit en être affinée sur les bords, jusqu'à ne laisser que la fleur. Ceci pour s'assurer que les collages tiennent dans le temps. L'opération est réalisée avec une lame très affûtée (ici un ciseau à bois) sur une plaque de verre. Il existe aussi des machines adaptées à cette opération, bien connues des gantiers et autres maroquiniers.


Coin d'un soufflet (dit "aine") en train d'être paré.

Soufflet du Swell en cours de test sous pression


Réservoir primaire avant restauration.
Ce réservoir assure la régulation de l'afflux d'air
depuis le ventilateur électrique, son stockage
à une pression relativement élevée, et sa distribution
aux autres soufflets, régulés à des pressions plus basses.

Réservoir primaire restauré, en cours de test.

 

Il nous faut remercier et féliciter Nicolas pour son très beau travail.  Dès que les conditions le permettront, les soufflets seront ramenés à St Affrique, les parties de bois seront repeintes, et ils seront alors prêts à retrouver leur place dans l'instrument. Mais c'est une autre histoire.




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