Le premier orgue de l'église de Saint Affrique reste pour le moment assez mal connu. D'autant plus que les archives de la paroisse sont très rares avant 1869.
Dans un devis établi en 1845 pour l'église St Antoine, rue Pharaon à Toulouse, Moitessier mentionne plusieurs orgues de sa construction. Dans la liste, on lit : "1843, orgue grand 8 pieds à trois claviers pour l'église de St Affrique (Aveyron)". Il s'agissait donc d'un orgue similaire (sans doute un peu plus modeste) à celui de la Décanale St Louis de Sète, construit l'année suivante.
Extrait du Devis de Moitessier pour St Antoine de Toulouse en 1845. |
Monsieur Robert Ardourel, organiste au Sacré Coeur de Millau, a établi la fiche de l'inventaire pour cet orgue dans les années 1980. Étant familier l'orgue de Moitessier de Sète, confirme que la tuyauterie ancienne est similaire.
Signature de Prosper Moitessier en 1827 |
Les Archives Départementales de l'Aveyron nous ont transmis quelques pièces qui permettent de visualiser la disposition de la tribune ouest de l'ancienne église.
En-tête de correspondance de Moitessier dans les années 1840 |
En effet, on y trouve un devis de construction d'une tribune supplémentaire au fond de l'église datant de juillet 1842, avec un plan (voir image). Il semble que la seconde tribune projetée ne fut jamais construite, puisque l'orgue sera installé sur celle du bas l'année suivante. Il se peut que l'instrument n'ait pas été placé en tribune, pour ne pas masquer la belle rosace, mais cela serait surprenant
Projet de tribune suppléentaire joint au devis de 1842. |
Au passage, on apprend dans les quelques documents trouvés aux Archives Départementales de l'Aveyron que l'église a souffert d'un incendie en 1826, et que la paroisse était très pauvre, formulant de nombreuses demandes de secours auprès du ministère qui n'ont abouti qu'en 1867, et de façon très limitée.
De plus on lit dans le devis de 1842 que l'église était bien trop exigüe pour la population catholique de la ville à cette époque, et que depuis longtemps déjà la mairie et la fabrique cherchaient un moyen de la reconstruire à des dimensions plus adaptées, mais en vain. Il aura donc fallu attendre plus de cinquante ans pour voir ce projet se réaliser.
Note : il ne nous a pas été possible jusqu'alors de trouver des archives de Prosper Moitessier. Il semble que cet excellent facteur ait laissé très peu de traces écrites, à part ses brevets d'invention. Nous serions reconnaissant de tout indice qui nous permettrait de consulter de telles archives !
Ayant perdu son père à l’âge de dix ans, sa mère, pour le mettre à même d’apprendre et de continuer l’état de luthier, l’entoura de bons ouvriers. En 1819 et 1820, il reçut les premières notions de facture d’orgues d’un nommé Pilot, natif des Vosges. Désirant se perfectionner dans cette partie, il se rendit à Mirecourt et travailla d’abord chez Nicolas Roy, l’un des plus habiles ouvriers du pays, et il alla ensuite à Paris, où il fut reçu dans les ateliers de M. Lété, actuellement à Mirecourt. Il prit aussi des leçons de M. Wuillaume, qui s’est acquis une grande réputation comme luthier, et qui était alors associé de M. Lété.
(Extrait de la Biographie des Principaux Facteurs d’Orgues de Hamel, 1848)
Les rares instruments de Prosper Moitessier qui nous restent montrent une facture d’un grand raffinement, et cependant avide d’innovation. A l'exposition de l'industrie de Toulouse en 1850, il présente ce qui sera le premier orgue à transmission pneumatique tubulaire. Ce système à dépression est breveté en 1850, et immédiatement appliqué l’orgue de ND la Dalbade à Toulouse. Reconstruit par les Puget en 1888, ceux-ci notaient que le système inventé par Moitessier était très bon sur le principe, et que les problèmes venaient uniquement de l'oxydation des pièces d'étain utilisées.
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