dimanche 18 avril 2021

Les travaux avancent (3)

 Les travaux avancent, et une étape majeure vient d'être franchie : les sommiers principaux de l'orgue ont été restaurés et réinstallés hier !

Mais revenons un peu en arrière.
Après réception du sommier du Choir, les bénévoles ont commencé à réparer, repeindre et remonter la boîte expressive qui entoure les tuyaux de ce clavier, pour en varier l'intensité.

Boîte expressive du Choir remontée avant réparation et remise en peinture.

Après quelques semaines de travail délicat d'autant plus que les murs anciens ne sont pas droits, et qu'il faut prendre garde à ne pas endommager le sommier fraîchement restauré, le résultat est là : l'arrière est arrimé au mur, ajusté sur le sommier, et les côtés et le toit de la boîte sont remontés. La façade sera installée ultérieurement, pour des raisons pratiques.

Boîte expressive du Choir mise en place.

Pendant ce temps, Nicolas Lanaspèze terminait la restauration des deux gros sommiers, Great (huit jeux) et Swell (neuf jeux). Après cent hivers surchauffés, dans une atmosphère déjà décrite comme beaucoup trop sèche par le facteur d'orgues ayant fait les travaux d'agrandissement en 1951, ceux-ci présentaient un certain nombre de fissures à leur surface, et quelques barrages décollés. Malgré tout, vu les conditions hygrométriques, ils n'avaient pas si mal vieilli.
Les fentes ont été flipotées, les barrages recollés, les soupapes regarnies, les barrages recouverts de toile "buckram" typique de la facture britannique du XIX° siècle, et le tout remonté et testé.

Partie supérieure du sommier : la table.

Table supérieure du Swell avant restauration.

Exemple de fentes dans la table.

Table nettoyée et aplanie.

Fentes en cours de flipotage
(les tranchées sont comblées avec de petites pièces de bois)

 

Partie inférieure du sommier : les barrages et les soupapes.

Dessous du sommier au démontage.
On peut voir les soupapes en place,
et les barrages recouverts de buckram noir.

Les soupapes ont été démontées et le buckram décapé.
On appelle "grille" du sommier l'ensemble des barrages
et la ceinture de bois qui les entoure et les maintient en place.



Soupape démontée, détail de la "queue"
en peau collée au sommier
et qui fait office de charnière.

Grille du sommier aplanie.


Nouveau buckram en place, ainsi que la grande traverse
et les pointes qui guident les soupapes .



Soupapes remontées, avec les tiges de laiton qui les actionnent,
reliées à l'étage inférieur aux moteurs de soupapes.

En parallèle, le système de traction pneumatique a été restauré par Gabriel Nencioli, d'Auvillar. Les peaux extrêmement fines (0,1 ou 0,2 mm) utilisées pour les centaines de petits soufflets (ou "moteurs") pneumatiques étaient arrivées en fin de vie, devenues très fragiles, et se déchirant à la moindre sollicitation.

Système pneumatique avant démontage de l'orgue. Petits moteurs "primaires" au premier plan.

Tous les moteurs ont été démontés en ramollissant la colle à chaud à l'aide de vapeur d'eau. Une fois les mesures prises toutes les vieilles peaux ont été décapées, les résidus de colle nettoyés.

Décollage des moteurs de soupapes.

Démontage des moteurs primaires.
Nettoyage à la vapeur du joint-support des moteurs de soupapes.

Moteurs décollés, avant nettoyage.

Les vieilles peaux sont ôtées, puis les restes de colle nettoyés.

Nettoyage des moteurs primaires.
Réfection des garnitures d'oeillets.


Le joint des moteurs de soupapes est refait à neuf.


Réfection des charnières des moteurs primaires.

Réfection des moteurs de soupapes.

Collage des moteurs de soupapes restaurés.

Système remonté.

Système pneumatique prêt à être réinstallé sous le sommier.


Chacun des 244 moteurs a été remis en peau comme à l'origine.




On peut observer deux types de moteurs. Les petits moteurs, dits moteurs primaires, ont une charnière et un bras de levier à un bout. Lorsqu'une note est jouée, le système électropneumatique envoie de l'air sous pression dans le petit moteur correspondant à la note et au clavier joués. Celui-ci se gonfle, et pousse vers le bas la double soupape ronde qu'on l'on aperçoit sur certaines photos. La soupape se ferme donc du côté de la pression, et s'ouvre du côté de l'atmosphère. Elle met alors l'intérieur du grand moteur, ou moteur de soupape, en communication avec l'atmosphère, et la pression écrase ce grand moteur, qui tire la soupape au-dessus de lui.
Lorsqu'on relâche la note, la pression diminue dans le petit moteur, qui est équipé d'une fuite calibrée. Le petit moteur est écrasé, et le bras de levier remonte. Le grand moteur est alors remis en communication avec la pression, et remonte grâce au ressort de la soupape au-dessus. Et le système est prêt pour rejouer une note. Le schéma suivant illustre ce type de traction, avec cependant un étage supplémentaire en amont, qui a été remplacé sur l'orgue de St Affrique par une alimentation électropneumatique.


Schémas d'une traction "à dépression" de type Norman & Beard.
Sur l'orgue de St Affrique, le petit moteur en bas à gauche a été supprimé
et un relai électropneumatique alimente directement
le petit moteur au milieu à droite en air sous pression.

Ainsi restaurés, les sommiers et leur traction pneumatique sont parés pour leur nouvelle vie.

Vendredi dernier, les sommiers ont été rapportés par Nicolas, montés en tribune avec les bénévoles et installés sur la structure porteuse. Il attendent à présent leur raccordement aux soufflets, et l'installation de rondelles de tissu spécial autour de chaque trou de tuyau pour assurer une étanchéité optimale.

Ascension du sommier du Swell
Sommiers du Great (vers  la rambarde) et du Swell (premier plan) installés.

 
Mais c'est encore une autre histoire.




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