dimanche 14 juillet 2019

Le projet d'installation à Saint Affrique : les origines


Comme décrit dans l'historique des orgues de l'église de Saint Affrique, l'actuel grand orgue (dit aussi orgue de tribune) de l'église de Saint Affrique est muet depuis le milieu des années 70. Cet orgue, reconstruit en 1899 par Jacquot-Jeanpierre, recycle la majeure partie de l'instrument de Maucourt avec d'importantes modifications.
Cependant, comme la correspondance du facteur d'orgues et du curé le montre, les conditions financières et matérielles n'étaient pas optimales, loin s'en faut. Aussi une bonne partie de la tuyauterie, très abimée lors du démontage de l'orgue dans l'ancienne église par des non-professionnels, n'a pas été restaurée aussi bien qu'elle aurait dû. La traction pneumatique, qui peut s'avérer un système très efficace et techniquement élégant, n'est ici pas la meilleure, et a mal vécu l'installation du chauffage à air pulsé dans l'église. Celui-ci a eu raison des centaines de fines membranes en peau de chevreau scié qui en assurent le fonctionnement.
Membranes de traction pneumatique. Ces petits "coussins" sont faits de peau de chevreau "sciée"
c'est à dire affinée mécaniquement pour allier grande souplesse, étanchéité et résistance mécanique.
Enfin, l'orgue souffre de plusieurs défauts de conception majeurs.
La soufflerie est instable et entre en oscillation dans certaines conditions, forçant l'installation de ressorts pour amortir les vibrations des réservoirs.
La boîte expressive du Récit n'a qu'une très petite surface de jalousies ouvrant sur la nef, l'essentiel du son reste donc piégé et la différence de volume sonore entre boîte ouverte et boîte fermée est limitée.
De même la surface au travers de laquelle le son du Grand Orgue diffuse vers la nef est elle aussi limitée à la façade visible du buffet de droite, limitant aussi la puissance dans l'église.
Enfin, les tuyaux de pédale son relégués au fond de la niche sous le clocher, partiellement visibles d'en bas, ce qui n'est vraiment pas esthétique. Mais surtout, le son reste piégé dans la niche, à la voûte bien plus haute que l'arche qui l'ouvre sur la nef. De ce fait, les jeux de pédale sont très peu audibles depuis la nef, quand ils devraient plutôt asseoir l'orgue sur des majestueuses basses bien présentes.

A tout cela, il faut ajouter l'étendue des claviers. 54 notes aux claviers manuel, 25 notes au pédalier. Ces étendues sont caractéristiques de la première partie de l'époque romantique, mais ont très vite évolué en 56, 58 et enfin 61 notes, et 30 ou 32 au pédalier. Et les compositeurs ont rapidement tiré avantage de ces étendues.
De ce fait, 54/25 sont des étendues limitant fortement le répertoire des œuvres des XIX° et XX° siècles qui peuvent être jouées sur un tel orgue.

Cet état de fait, ainsi que le coût élevé des travaux de facture d'orgues, ont conduit à chercher d'autres solution. L'une d'elle étant de trouver des pièces d'occasion pour contenir le coût des travaux dans un budget envisageable. Mais même ainsi, le problème restait ardu à résoudre pour de nombreuses raisons techniques et musicales.

Le hasard a voulu que le président de l'association ait connaissance de l'existence de l'orgue Norman & Beard de l'église St Stephen de Gloucester. Désaffectée depuis 2010, cette église est vouée à la destruction dans les années à venir. De plus, les services du diocèse de Gloucester avaient négligé leurs devoirs, en ne signalant pas cet orgue à l'Institute of British Organbuilding, qui recense et publie les Orgues en danger ou cherchant un nouveau toit.
Rendez-vous pris par un glacial dimanche de mars 2018 avec la vicaire de la paroisse dont dépendait St Stephen, le président a pu constater que l'orgue pourrait s'adapter aisément à l'emplacement assez particulier dans l'église de St Affrique.

 Après une contre-visite en compagnie d'un facteur d'orgues, et acceptation de l'offre de l'association pour l'achat de l'orgue par les services du diocèse, l'organisation du déménagement a pu commencer.

Mettre sur pied une opération de ce type nécessite en général une quantité de temps et d'énergie considérable. Mais quand le service du diocèse gérant l'église désaffectée décide deux semaines avant la date prévue que ce qui était envisagé somme une opération "à la française" devra remplir tous les critères de la drastique Health & Safety (hygiène et sécurité) britannique, cela devient un parcours du combattant généreux en obstacles de toutes sortes. Le président de l'association a à cette occasion appris bien des choses sur les assurances, les certifications, les dangers de l'amiante, la mauvaise foi, la location de toilettes de chantiers, les traductions certifiées, liste non exhaustive.

Mais au final, le 13 juin dernier, l'orgue est arrivé à Saint Affrique.

La suite de l'histoire reste à écrire (et  avec votre aide et votre appui on espère!), mais pour les aspects techniques du projet, c'est par ici !

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